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Encadrement Escalade au Club Alpin de Lille
Guy Clavel, des monts d'Ardèche à Sainghin-en-Weppes
Son départ d'Ardèche n'a pas éteint sa passion pour l'escalade. Faute de montagne, à Sainghin en Weppes Guy Clavel, responsable par ailleurs du pôle compétition d'escalade du Club Alpin de Lille, grimpe... dans sa cave !
L'histoire commence en Ardèche. Guy Clavel, un passionné d'escalade, fonde Nirva Grimpe en 1997 "pour faire découvrir l'escalade à tout le monde, qu'on ait 2 ou 70 ans, dans un esprit ludique, le but étant avant tout de se faire plaisir". Il y a trois ans, notre homme vient s'installer dans le "plat pays", à Sainghin-en-Weppes. Fini la "grimpe" ? Pas du tout. Guy Clavel a ramené Nirva Grimpe dans son " sac à pof " (sac de magnésie dont les grimpeurs s'enduisent les mains).
Près de 2 500 prises sur les
120 m2
de sol et de mur de la cave...
La mairie de Sainghin
n'ayant pas de local disponible, il décide de faire un mur artificiel dans sa
cave. Elle ne mesure pas plus de 2 mètres de haut. Et pourtant ! Les murs, le
plafond, sont recouverts de près de 2 500 prises faites maison : 120 m2 au total
de renforcements, de "devers" (c'est-à-dire des murs inclinés), de bosses.! Près
de 230 heures de travail.
"Mon pan de mur est le plus beau du Nord
car il offre une multitude de possibilités, des angles partout".
C'est là que Guy Clavel passe plusieurs
heures par semaine à virevolter de prise en prise, s'éclatant comme un fou.
Toute la famille s'est d'ailleurs mise à l'escalade, même la petite dernière
âgée de 18 mois ! Précision : notre sainghinois n'est pas seul à disposer d'un
"mur" chez lui. Il paraît que la chose tend a se répandre.
Nirva Grimpe ne reçoit aucune subvention.
L'association vit du bénévolat et des cotisations qui ne sont pas nombreuses.
Actuellement, le club compte une dizaine d'adhérents. Ce chiffre est en
diminution car Lille est loin et les travaux, qui rendent depuis plusieurs mois
maintenant la circulation difficile sur la route nationale de la Bassée,
n'incitent guère à aller vers Sainghin. Mais ce n'est pas le plus important.
Pour Guy Clavel, ce qui compte, c'est le plaisir avant tout : "nos adhérents ont
la clé de la cave et peuvent venir quand ils veulent. L'ambiance est bonne. On
organise des soirées, et dès qu'il fait beau, des barbecues".
C'est ce côté grande famille qui plait au
fondateur de Nirva Grimpe. " J'ai commencé dans les années 1980. Les murs
d'escalade n'existaient pas. On se retrouvait pour aller grimper en falaise. On
faisait la fête. On était tous des amoureux de la nature. Aujourd'hui,
l'escalade a beaucoup changé, surtout à cause des compétitions. Les jeunes font
beaucoup de murs pour y être performants. C'est un milieu aseptisé, où règne un
peu le chacun pour soi. Du coup, un fossé s'est creusé entre ceux qui font du
mur et ceux qui font de la falaise. C'est un milieu complexe. Il existe mille
escalades différentes sur mur, sur bloc, sur les falaises de granit, de grès. Si
tu n'arrives pas à
trouver ton bonheur en escalade, c'est
que tu n'aimes pas ça".
Pas loin de la Belgique et de la "Mecque" de l'escalade : Fontainebleau !
Guy Clavel regrette
également qu'il n'y ait pas de réelle volonté de la part de la FFME de
développer l'escalade dans le Nord." Il existe plusieurs projets, mais on n'en
voit pas le bout ! " Les infrastructures coûtent cher : " il faut compter
environ 1,2 à 1,5 millions pour un mur d'escalade intéressant homologuéé pour les
compétitions nationales " alors que le budget du Comité départemental du Nord
n'est que de 60 000 francs par an. Pouvoir organiser des compétitions nationales
est cependant le passage obligé pour espérer développer l'escalade " car c'est
le sport de haut niveau qui attire les masses. " Heureusement, pour cet amoureux
de l'escalade qu'est Guy Clavel, il y a la Belgique tout près : " elle a 5 ans
d'avance sur la France en matière d'infrastructures artificielles et les murs
sont plus intéressants. " Mais, c'est surtout la proximité de Fontainebleau qui
le réjouit, La Mecque pour tous les adeptes du bloc. "C'est une drogue ! Si je
ne grimpe pas, je ne suis pas bien." Finalement, même pour un ardéchois
grimpeur, le Nord n'est pas si mal...